janvier 2018
Un rapport météo de l’armée française stipule « un vent soutenu de 35 à 40kt de nord-est sur les 4/5 nord du pays tout au long de l’année vers 300 ’, ce cisaillement peut impacter l’approche finale des aéronefs».
Le vent de nord-est domine sur l’ensemble du pays, orienté dans un venturi par le Tibesti – plus haut massif du Sahara- à l’ouest et les reliefs de l’Ennedi à l’est.
Bref, je savais que le Sahara tchadien était peu propice à la pratique du paramoteur mais ma motivation est néanmoins absolue.
Arrivé à N’Djamena, retenu par les autorités aéroportuaires car manquait mon carnet de vaccination contre la fièvre jaune, sorti dernier des contrôles douaniers, seul ou presque aux bagages, je retrouve mon sac moteur et le sac de cage. J’exprime une réelle satisfaction car je craignais l’escale marocaine pour le matériel en transit. Hélas, ma joie est de courte durée, le sac de cage est déchiré, les bouts de tubes apparents sont écrasés, ratatinés…
La poignée du sac s’est vraisemblablement bloquée dans un convoyeur de bagages et les tubes ont frotté sous pression contre une surface métallique qui les a usinés et a vrillé un quart de cage…
Le grand trajet vers le Sahara Tchadien et ses lacs – 1300 km de pistes sableuses – peut démarrer. Nous profitons d’un arrêt dans un village pour redresser les embouts des tubes de cage et les ébavurer… on verra plus tard si la cage se monte sur le moteur.
Deux semaines plus tôt, j’avais demandé à l’agence de préparer un réservoir et de l’essence …
A 500 km de N’Djamena, au cœur du Bar el Ghazal, là où Toumaï, le plus vieil hominidé fut découvert, on me trouve un vieux bidon que l’on remplit d’essence de contrebande libyenne … Je suis peu rassuré me remémorant mes nombreuses pannes moteurs, en Algérie et à Madagascar entre autres, à cause de la piètre qualité des carburants.
Quatre jours seront nécessaires pour couvrir les 1300 km, dont 2 jours de tempête de sable qui furent fatals aux objectifs photos.
Arrivé sur le site des lacs d’Ounianga, le soir au bivouac sous les palmiers, je remonte le moteur ; carbu, durites, échappement, réservoir … et le montage de la cage en force pour qu’elle s’adapte.
Je prépare le mélange, j’amorce le carburateur, j’appuie sur le démarreur …. Miracle, ça part au quart de tour, le moteur tourne parfaitement. L’air sec lui convient mieux que l’humidité des Yvelines !
Premier vol le lendemain matin à l’aube, je m’élève à 100 m, je suis scotché face au vent, impossible de progresser… je me fais chahuter, je ne peux avancer, coincé entre le grand lac Yoa et le village.
Content d’avoir volé mais le résultat photographique est mince, Ounianga Kebir ne s’apprivoise pas facilement !
Je récidive les deux matins suivants sur Ounianga Sérir, peu de vent au décollage à 6h30 mais une masse d’air très turbulente une fois en vol. J’ai les deux mains arc-boutées sur les freins pour contrôler la voile. Il m’est difficile de faire une image qui soit droite.
Je ferai d’autres vols dans l’Ennedi quelques jours plus tard avec une aérologie similaire.
Pendant les deux semaines de voyage, les conditions furent venteuses avec des rafales à 40 km/h de nuit et comme de jour.
Ni le paramoteur, ni la photo n’étaient la priorité du groupe de voyageurs, du guide et des trois chauffeurs engagés dans une course sans fin contre les ensablements, les crevaisons, l’approvisionnement en eau et en carburant d’une traversée de 2000 km de pistes à travers ergs et regs.
Il est miraculeux que j’aie pu voler et que le paramoteur ait fonctionné parfaitement.
Objectif « photographie des oasis tchadiennes » accompli !